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La liberté de pensée et d'expression apparaît souvent comme un droit à revendiquer en l'absence duquel les hommes ne pensent et ne s'expriment pas. Cette conception conduit à croire que ceux qui ne jouissent pas de ce droit n'ont pas encore fait les efforts nécessaires pour s'en emparer, bien qu'il soit souvent malaisé de définir exactement vers quoi ces efforts doivent tendre.

L'eau qui rencontre un barrage sur son cours ne cesse pas de couler : elle s'infiltre sous son lit ou s'écoule de manière contrôlée à travers la structure. Si l'on s'indignait de ce que l'eau ne soit pas autorisée à suivre son cours naturel, on s'efforcerait de lutter contre la construction de barrages, et non pour le droit de libre coulée.

À la liberté d'expression et de pensée, trop abstraite, il faut donc préférer la contraposée : l'interdiction de la censure. Cette dernière formule correspond à ce qu'on appelle liberté négative en philosophie politique, sur quoi je ne prendrai pas le risque de disserter. Ma réflexion prétendra plutôt canaliser la fougue des défenseurs des droits de l'homme : savez-vous détruire des barrages ?